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E.L.4 - BALZAC, La Recherche de l'Absolu, 1834

Pour vous guider dans l'étude linéaire de ce dernier texte de la séquence 3, voici les questions que vous devez traiter d'ici à vendredi. Le texte se trouve en bas de la page, vous pouvez le télécharger en cliquant sur le bouton bleu en-dessous.

 

 

Questions préparatoires :

 

  1. Observez la répartition de la parole dans ce dialogue ainsi que les réactions des personnages. Que peut-on en déduire ? Quel autre nom pourrait-on donner à ce dialogue ?

 

  1. Cherchez tous les éléments en rapport avec la science. Quelles remarques pouvez-vous faire ?

 

1er mouvement (lignes 1 à 12) :

 

  1. Dans le premier mouvement, des lignes 1 à 12, quelle image donne-t-il de son travail de chimiste ?

 

  1. Pourquoi sa femme Joséphine (qu’il surnomme Pépita) pleure-t-elle selon vous ?

 

  1. Quelle étonnante métaphore le narrateur utilise-t-il pour évoquer la science ? Pourquoi ?

 

2ème mouvement (lignes 13 à 22) :

 

  1. Observez le rythme des phrases et la ponctuation. Quelle remarque pouvez-vous faire sur le ton adopté par Balthazar Claës ?

 

  1. Retrouvez les étapes du raisonnement argumentatif développé par Claës dans ce mouvement. Quel est le sujet de son étude ? Quelle thèse défend-il ?

 

  1. Relevez les hyperboles, exagérations et termes mélioratifs qu’il utilise. Qu’en déduisez-vous ?

 

3ème mouvement (lignes 23 à 28)

 

  1. D’après ce qui précède, complétez la phrase que Joséphine laisse en suspens grâce à l’aposiopèse (les points de suspension) l.23.

 

  1. Quel changement de ton observez-vous dans les paroles de Claës ? Justifiez.

 

  1. Observez les temps verbaux. D’après sa dernière phrase (l.26-27), pour qui se prend-il déjà ?

 

  1. Cherchez la définition du mot « sacrilèges » (l.23). Comment expliquez-vous la réaction de Joséphine à la fin du texte ?

 

Conclusion :

 

  1. Quelle image cet extrait donne-t-il de la science et surtout des scientifiques, mais aussi de la façon dont elle est perçue par les autres personnes au XIXème siècle ?

 

14. Donne un titre à chaque mouvement de l’étude (lignes 1 à 12, lignes 13 à 22, lignes 23 à 28) et proposez une problématique qui rende compte de l’évolution du texte.

 

 

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Corrigé :

 

 

Questions préparatoires :

 

  1. Observez la répartition de la parole dans ce dialogue ainsi que les réactions des personnages. Que peut-on en déduire ? Quel autre nom pourrait-on donner à ce dialogue ?

 

- La plus grande partie de ce passage est occupée par le discours direct, seules quelques phrases relèvent de la narration. Les marques du dialogue sont justement présentes : tirets, guillemets, verbes de parole ou d’écoute, interjections, 1ère et 2ème personne…

 

- Mais la parole est inégalement répartie : Joséphine parle à peine et nous connaissons ses réactions grâce aux paroles de son mari ou des incises du narrateur. Tous ces éléments sont connotés négativement : « tu blâmes » l.2, « elle pleura » l.6, « les pleurs de sa femme » l.8, « l’horrible convulsion qui travailla la physionomie de Joséphine » l.10, « avec désespoir » l.28. Il y a donc une forte opposition entre les personnages.

 

- Par moments, Balthazar parle comme s’il prononçait un discours. Mais le ton employé par les deux personnages fait de ce dialogue un débat polémique, voire une dispute virulente. Le verbe « cria » l.28 ainsi que les nombreuses phrases exclamatives, l’adverbe « Assez » l.23, la répétition de l’adverbe exclamatif « Quoi ! » l.1, l.23 traduisent la violence de cet échange. De même l’interro-négative à valeur rhétorique l.4 « tu ne sais donc pas ce que j’ai fait depuis trois ans ? » souligne l’incompréhension entre les époux.

 

  1. Cherchez tous les éléments en rapport avec la science. Quelles remarques pouvez-vous faire  ?

 

- Les termes relevant du champ lexical de la science sont très nombreux et répartis tout au long du texte.  A côté de termes assez génériques (« analyse », « système », « action », « fécondation », « degré », « corps », « matière », « substances », « décomposé », « combustion ») figurent des termes plus précis empruntés au domaine de la chimie : « chlore », « azote », « métaux », « phosphate » (2x), « chaux », « chlorure de sodium », « mucus », « eau », « sulfates », « carbonates », « fluide électrique », « l’électricité », « matière éthérée »…

 

- On en déduit non seulement que le personnage éprouve un certain plaisir à accumuler ainsi les termes liés à son domaine de prédilection, au point que ce sujet en devienne une obsession pour lui (le mot « Science » apparaît à deux reprises, l.11 et 28, avec une majuscule, sous forme d’allégorie) ; mais aussi que Balzac, auteur naturaliste, choisit volontairement un vocabulaire technique précis afin de renforcer le réalisme de son texte.

 

 

  • 1er mouvement (lignes 1 à 12) :

 

  1. Dans le premier mouvement, des lignes 1 à 12, quelle image donne-t-il de son travail de chimiste  ?

 

- Il présente son travail comme étant d’importance majeure, en ayant recours au champ lexical de la grandeur : « se dressant » l.1, « s’élever au-dessus des autres hommes » l.2, « la gloire » l.3, « géant » l.4.

 

- Il est le sujet d’une accumulation de verbes d’action au passé composé : « j’ai fait » l.4, « j’ai combiné » l.6, « j’ai décomposé » l.7 et 8 et « j’ai trouvé » l.7. Par cela, il se met en avant comme unique opérant, et se montre particulièrement actif. Le passé composé renforce cette impression car il exprime une action achevée : il énumère donc des succès.

 

- Son occupation déteint sur sa façon de parler qui prend l’allure d’une démarche scientifique : il observe, analyse, déduit et démontre avec une certaine froideur : « Cette analyse […] est une des meilleurs preuves » l.12.

 

  1. Pourquoi sa femme Joséphine (qu’il surnomme Pépita) pleure-t-elle selon vous ?

 

- Balthazar semble aimer sa femme ; il l’appelle par un surnom (« Pépita ») qu’il fait précéder d’un déterminant possessif exprimant son affection : « ma Pépita ». Il l’appelle aussi « ma chère » l.12 et semble faire toutes ses recherches pour elle : « pouvoir jeter sous tes pieds », « une minime offrande auprès des trésors de ton cœur ».

 

- Pourtant, son amour pour elle semble diminuer à côté de sa passion pour la science, comme le suggère le parallélisme avec comparatif de supériorité : « plus étincelant sous le feu du génie qu’il ne l’avait été sous le feu de l’amour ». Dans ce parallélisme, « génie » et « amour » sont mis en concurrence et c’est l’esprit qui l’emporte. Le sujet abordé provoque en lui une réaction physique « en s’animant » alors qu’il reste impassible devant les larmes de sa femme : l’interjection « Tiens » l.8 évoque une remarque sans importance, il ne voit dans ses larmes que l’occasion de fournir un exemple. L’absence d’émotion est confirmée par la préposition privative « sans voir » l.10.

 

- La réaction de Joséphine est donc celle liée au constat qu’il a mis son amour pour la science au-dessus de son amour pour elle, et que la science l’a transformé en être insensible et obsédé.

 

  1. Quelle étonnante métaphore le narrateur utilise-t-il pour évoquer la science ? Pourquoi ?

 

Cette métaphore se trouve lignes 10-11 et compare la Science (avec majuscule, donc allégorie) à un animal volant qui porterait Balthazar sur son dos : oiseau ? dragon ? chimère ? Le CC de lieu « bien loin du monde matériel » suggère une créature fantastique. Par cette métaphore, l’auteur signifie que Balthazar est en train de perdre la raison dans sa quête pour une créature fabuleuse.

 

– on peut penser par exemple dans la mythologie grecque à Bellorophon, qui a voué sa vie à la capture de Pégase, le cheval ailé. C’est donc une quête vaine.

 

 

 

  • 2ème mouvement (lignes 13 à 22) :

 

  1. Observez le rythme des phrases et la ponctuation. Quelle remarque pouvez-vous faire sur le ton adopté par Balthazar Claës  ?

 

- Dans ce 2ème mouvement, les phrases s’allongent, le rythme ralentit. De la ligne 13 à 17, il y a une seule phrase. Il ne s’agit plus d’un débat mouvementé, mais d’une démonstration scientifique. Il adopte un ton professoral, didactique, avec des énumérations. C’est pour cela qu’il utilise de nombreuses expansions du nom (en particulier les subordonnées relatives). Il utilise également plusieurs phrases interrogatives des phrases 17 à 22, car il formule des hypothèses auxquelles il compte répondre grâce à la suite de ses recherches.

 

- Ces 5 questions trouvent leur réponse à la fin du mouvement, dans une phrase de 3 mots qui tranche par sa brièveté : « Je le crois » l.22.

 

  1. Retrouvez les étapes du raisonnement argumentatif développé par Claës dans ce mouvement. Quel est le sujet de son étude ? Quelle thèse défend-il  ?

 

- Ses arguments : L’homme est la créature chez qui la pensée est la plus développée.

C’est aussi la créature chez qui la combustion est la plus forte.

Donc le corps humain témoigne d’une forte activité électrique.

L’électricité serait donc ce qui permet l’apparition de la vie et de la pensée.

 

- Il construit son raisonnement de façon progressive, grâce notamment aux questions. Il défend ainsi la thèse selon laquelle on peut expliquer le mystère de l’apparition de la vie, mais aussi ce qui distingue l’homme de l’animal, l’intelligence, grâce à la chimie et à la physique. L’homme ne serait au fond guère plus qu’une machine très perfectionnée.

 

- Il ne faut pas oublier que le début du XIXème siècle voit de grandes découvertes dans le domaine de l’électricité, qui fascine et intrigue, et est encore un phénomène mystérieux. C’est à la même époque que Mary Shelley écrit Frankenstein, où elle imagine que l’électricité permet d’insuffler la vie à un cadavre.

 

- Mais le sujet central de ce passage, c’est bien l’homme, qui apparaît en tête de paragraphe, l.13, et qui est mis en relief par la syntaxe puisqu’il est suivi d’une virgule et de deux Prop. Sub. Relatives. Il est repris par le pronom objet « en lui » l.17 et 19, et le pronom personnel sujet « il » l.20 et 21., ainsi que par les termes « création » et « créature ». Il est opposé à « tout autre animal », « toute autre créature », « les créations zoologiques ». Il est donc bien question de trouver ce qui distingue l’homme.

 

 

  1. Relevez les hyperboles, exagérations et termes mélioratifs qu’il utilise. Qu’en déduisez-vous ?

 

- Le personnage est le seul à s’exprimer dans ce mouvement. Il y utilise de nombreux superlatifs et comparatifs de supériorité : « le plus haut point », « le plus intense », « plus variées qu’en », « plus grandes que », « plus fortes », « plus parfaite ». Ces six expressions comportent de plus des adjectifs  mélioratifs, auxquels on peut ajouter l’adjectif « puissants » l.15 et les substantifs « pouvoir », « créateur » l.14.

 

- Cette abondance de termes mélioratifs et d’hyperboles, ainsi que la longueur des phrases, donne à cette partie du dialogue une tonalité lyrique. Balthazar est effectivement emporté par sa pensée et ses rêves de grandeur, et ne voit plus de limites à ce que la science peut accomplir.

 

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  • 3ème mouvement (lignes 23 à 28)

 

  1. D’après ce qui précède, complétez la phrase que Joséphine laisse en suspens grâce à l’aposiopèse (les points de suspension) l.23.

 

On peut imaginer, d’après ce qui précède, que sa phrase complétée serait : « quoi ! mon amour serait une simple réaction chimique ? / mon amour serait juste un phénomène électrique ? »

Elle n’achève pas sa phrase, ce qui suggère que cette simple idée l’horrifie littéralement. En effet, ce serait réduire les sentiments les plus nobles, les plus beaux, à un phénomène scientifique explicable et contrôlable, cela ôterait le libre-arbitre aux êtres. C’est trop difficile pour elle à prononcer, elle refuse de l’envisager. C’est pourquoi sa phrase s’achève par une aposiopèse (points de suspension). C’est son mari qui finira sa phrase, à la ligne suivante.

 

  1. Quel changement de ton observez-vous dans les paroles de Claës ? Justifiez.

 

- Ses dernières paroles sont moins scientifiques et plus exaltées : il se répète, ses phrases sont grammaticalement déconstruites, il utilise l’exclamative plusieurs fois, n’achève son idée qu’à la phrase suivante…

 

- L’anaphore de la conjonction de subordination « si », qui introduit une prop. sub. circonstancielle de condition, est très insistante : « Si moi, moi le premier ! si je trouve, si je trouve, si je trouve ! » l.25. Elle témoigne de son obsession pour cette quête.

 

- Son enthousiasme se manifeste également physiquement et oralement, comme souligné par le narrateur : « sur trois tons différents », « son visage monta par degrés à l’expression de l’inspiré ».

 

  1. Observez les temps verbaux. D’après sa dernière phrase (l.26-27), pour qui se prend-il déjà ?

 

- Sa dernière phrase, qui complète la précédente, est au présent. Il s’explique par l’expression de la condition. Mais comme la phrase est coupée en deux par la narration, elle set mise en relief.

 

- Elle adopte un rythme ternaire, avec trois segments de longueur presque identique (5/ 5/ 6 syllabes). Balthazar y est sujet des trois verbes exprimant la création. L’anaphore du pronom personnel « je » rappelle celle du 1er mouvement et lui confère une certaine puissance.

 

- Les COD sont également intéressants : les métaux et diamants sont deux ressources naturelles de grande valeur ; la nature seule peut les produire.

 

- Il se compare donc à la nature, et se prend, en quelque sorte, pour Dieu créateur.

 

  1. Cherchez la définition du mot « sacrilèges » (l.23). Comment expliquez-vous la réaction de Joséphine à la fin du texte ?

 

- Un sacrilège est un acte qui porte atteinte à quelque chose de sacré (donc lié à une religion ou un culte). Or plusieurs termes dans le texte évoquent le champ lexical de la divinité : « « la pourpre divine » l.3, « demi-créateur » l ;14, « Absolu » l ;12, 12 et 24 (ainsi que dans le titre). Pour elle, Balthazar se prend pour Dieu ou du moins veut prendre sa place.

 

- Sa réaction est violente : non seulement elle l’accuse de sacrilège, mais elle utilise le verbe « épouvantes » qui a un sens très fort. Le texte s’achève sur un question rhétorique (car on attend la réponse non) où le superlatif « plus heureux » fait écho à ceux utilisés par son mari.

 

- Le texte se termine sur une malédiction qu’elle prononce à l’encontre de cette « chimère » qui a transformé son mari : « Maudite Science, maudit démon ! » : elle fait écho à la métaphore de la ligne 11 et la répétition de l’adjectif « maudite » lui confère plus de violence, de même que la forme exclamative. Elle est accusatrice.

 

  • Conclusion :

 

  1. Quelle image cet extrait donne-t-il de la science et surtout des scientifiques, mais aussi de la façon dont elle est perçue par les autres personnes au XIXème siècle ?

 

- Ce texte donne des scientifiques l’image de savants fous qui perdent toute moralité, toutes valeurs, au nom des découvertes scientifiques. Ce sont en même temps des personnes dévouées à la science, et qui veulent croire dans le progrès et dans l’idée que la science a réponse à tout.

 

- Mais ce sont également des incompris : au XIXème, certains domaines scientifiques font encore peur car ils sont incompris et réservés aux initiés. Joséphine illustre les réticences d’une époque où la religion a encore une emprise importante sur la population et où il faut choisir entre science et croyance.

 

  1. Donne un titre à chaque mouvement de l’étude (lignes 1 à 12, lignes 13 à 22, lignes 23 à 28) et proposez une problématique qui rende compte de l’évolution du texte.

 

[ En quoi cet extrait illustre-t-il la place controversée que prend la science au XIXème siècle ?

[ Comment cet extrait construit-il l’idée selon laquelle la science peut conduire à des dérives dangereuses ?

 

- 1e mouvement : un passionné épris de chimie (ligne 1 à 12)

- 2ème mouvement : le secret de la vie (l.13 à 22)

- 3ème mouvement : la Science, nouvelle déité ? (l.23 à 28).

 

 

Ouvertures possibles :

- Frankenstein de Mary SHELLEY, pour le mythe du savant qui crée la vie ;

- Voyage au centre de la Terre, pour le caractère passionné et obsessionnel du professeur Lidenbrock.

 

 

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13/05/2020
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